LABORATOIRE DE THÉÂTRE POLITIQUE / ECOLE NATIONALE DE THÉÂTRE DU CANADA / DEPUIS 2014
Compagnons de route : Erwin Piscator, le Comité Invisible, Isabelle Stengers, Olivier Neveux, Pierre Kropotkine, Augusto Boal, les Yes Men, Alain Badiou, Jacques Rancière, Frédéric Lordon, Raoul Vaneigem, Grégoire Chamayou, Michel Clouscard, Bertolt Brecht, Vsevolod Meyerhold, Armand Gatti, lʼAgit-Prop, Bread and Puppets, Il Teatro Campesino, Heiner Müller, Peter Weiss, Dario Fo, Pier Paolo Pasolini, Jean Genet, le Groupe Z, Rimini Protokoll, le Théâtre Permanent de Gwénaël Morin, Pippo Delbono, Frank Castorf, Teatro Da Vertigem, Ascanio Celestini, Rimbaud, Artaud, Werner Herzog, etc.
“Le théâtre politique, cʼest mettre en présence ce qui est, avec ce qui devrait être”.
(Erwin Piscator) |
“Donner aux hommes Et à leurs images Leur seule dimension habitable La démesure” (Armand Gatti) |
- QUI GENTRIFIE QUI ?
2018-2019. Création collective de théâtre documenté, supervisée par Pierre Terzian, avec Caroline Bélisle, Hugo Fréjabise, Tamara Nguyen et Mathieu Renaud (écriture dramatique, 2ème et 3ème années)
Deux auteurs travaillent sur un projet de théâtre sur la Gentrification. Deux visions du monde et de l’Art s’affrontent.
ALEX : Tsais la bourse “INNOVATION” de la Ville de Montréal ?
JEFF : Oui…
ALEX : J’ai signé.
Silence.
JEFF: T’es sérieux ?
ALEX : Oui. On a reçu le premier montant. Et pour le deuxième, c’est pas si pire, ils nous demandent simplement de la documentation. Ils veulent qu’on soit subversifs.
Silence. Alex zoome lentement avec la caméra sur le visage déconfit de Jeff, projeté en gros plan sur la télévision. Jeff regarde Alex, hors de lui. Il s’éloigne.
JEFF : La Ville ? T’es sérieux ? On travaille sur la Gentrification et tu vas à la Ville ? On avait dit qu’on travaillait dans les quartiers, avec les familles…
ALEX : Les familles ? Et la mienne, Jeff ? Ça fait deux ans que je te suis dans ce projet ! Deux ans que je mange des ramens !
JEFF : Toi aussi tu voulais créer un espace de résistance, essayer de créer notre propre commune ! Ne jamais dealer avec le “Parti de la Mort”. Tu te souviens ? “Aux stratégies des implantations déshumanisantes, l’autogestion généralisée oppose l’émergence de terres libres où se concrétise poétiquement notre volonté d’une vie souveraine. C’est là une détermination qui exclut tout débat, tout compromis, tout dialogue avec le parti de la Mort”…
ALEX : Tu penses que c’est avec Vaneigem que je vais faire bouffer les jumeaux ?
JEFF : On voulait parler aux gens…
ALEX : Tu veux parler aux gens ? Tiens vas-y, parle !
Alex lui pointe la caméra dans la face. Jeff recule jusque dans le coin et se cache derrière ses feuilles de papier.
JEFF : T’es vraiment un fils de pute. Arrête de filmer ! Tu sais que je déteste ça.
ALEX : Tu vois, c’est ça, Jeff, on y est, dans l’audace ! Kropotkine, Jeff ! L’audace !
JEFF : Arrête de filmer, je te dis !
- C’TE SOIR-LÀ, Ç’A CHIÉ
2017. Création collective de théâtre documenté sur les répercussions de l’élection de Donald Trump au Québec, supervisée par Pierre Terzian. Avec Julien Beauseigle, Adam Faucher, Liliane Gougeon-Moisan et Jocelyn Pelletier (écriture dramatique et mise en scène, 2ème année).
Une journée, une nuit, j’avais une conversation au téléphone avec un ami, pis euh, on parlait de religion. Pis ça a été comme une épiphanie. J’me suis dit : c’est ça. C’est ça qui manquait dans ma vie. C’est ça la pièce du casse-tête qui me manquait. J’avais peut-être une adolescence et un début d’âge adulte où j’me cherchais, où j’avais un manque en quelque part que j’arrivais pas à mettre le doigt dessus. J’ai vécu des périodes de déprime où tu sais pas trop c’que t’as, mais t’es déprimée. T’es en boule dans ton lit. J’me disais pourquoi j’me sens comme ça? Pourquoi moi? Maintenant je sais. C’est vraiment ce soir-là, j’me rappelle j’parlais avec mon ami pis y m’a dit : D’après c’que tu dis que tu crois, bah… t’es musulmane. Pis juste cette phrase-là m’a faite comme… J’ai pleuré, en fait. J’ai pleuré, comme si j’avais un gros gros poids qui s’était déchargé de sur mes épaules.
Émilie – jeune convertie. Collecté par Adam F.
Peuple, réveillez-vous. Arrêtez-les avant qu’y soit trop tard. Sinon, vous pouvez dire bonsoir à vos valeurs québécoises et à celles de vos enfants. Nous allons être en minorité et l’Islam va nous dominer. Faites de quoi.
Forum de Pégida – Québec. Collecté par Liliane G.
Des fois, on dirait que je comprends.
Pas que j’approuve.
Que je comprends.
Des fois, je me dis que, si j’avais été Américain, le 8 novembre 2016, j’aurais pu voter Trump.
Juste de même.
Comme une joke.
(…) Je suis pas une femme.
Je suis pas homosexuel.
Je suis pas transsexuel.
Je suis pas transgenre.
Je suis pas musulman.
Je suis pas Mexicain.
Je suis pas autochtone.
Je suis pas handicapé.
Je suis juste un homme blanc d’Amérique hétérosexuel.
J’ai aucune cause qui m’appartient.
Faque quand un politicien m’a dit que j’étais opprimé, je l’ai cru.
En le voyant s’adresser à moi avec conviction, idéal pis fierté, je l’ai cru.
J’ai pas voté pour Trump.
Mais j’aurais pu.
In Trump We Trust. Écrit par Julien B.
Ceci est votre jour. Ceci est votre célébration. Et ces États-Unis d’Amérique sont votre pays. On se souviendra du 20 janvier 2017 comme de la date à laquelle le peuple aura retrouvé le pouvoir dans cette nation. À tous les Américains de toutes les villes proches et éloignées, petites ou grandes, d’une montagne à l’autre, d’un océan à l’autre, écoutez ces paroles : vous ne serez plus ignorés. (Applaudissements) Vos voix, vos espoirs et vos rêves définiront notre destinée américaine. Et votre courage, votre bonté, votre amour nous guideront pour toujours tout au long du chemin. Que Dieu vous bénisse. Et que Dieu bénisse l’Amérique. (Applaudissements)
Discours d’investiture de Donald Trump. Collecté par Jocelyn P.
- DEUX SOLOS
2015-2016. Solos performatifs de Mario Laframboise et Pascale Saint-Onge (écriture dramatique, troisième année).
Quatre murs / Mario Laframboise
” Je reconnais pas grand-chose. J’ai l’impression que le décor change à tous les matins. Je me lève, je regarde par la fenêtre, pis je me dis : « Ah tiens, mes voisins ont encore changé de visage. Je les connais pas, eux autres. » Je me demande si c’est pas parce que c’est la première fois que je regarde… Mais… Non… Je me souviens très bien de m’être dit la même affaire hier en me levant. Exactement les mêmes mots, dans le même ordre… Y a toujours un détail qui change… “
Trou blanc / Pascale Saint-Onge
“J’ai douze ans.
Dans le miroir du vestiaire de l’école, j’aime pas mon image en costume de bain.
J’ai douze ans.
La poupée glisse et tombe dans l’eau.
Je perds le Nord.
Mon corps est en apesanteur.
Léger, pour une fois.
J’entends mes pensées qui ralentissent.
Je me noie.
Le temps passe.
J’ai de moins en moins envie de remonter à la surface.
Ça me demande trop d’efforts.
Alors je reste là.”
- LABORATOIRE DE THÉÂTRE POLITIQUE OPUS 1
2014. Improvisations, débats et rêveries politiques, avec Gabriel Charlebois-Plante, Mario Laframboise, Solène Paré, Jean-François Rochon, Frédéric Sasseville et Pascale St Onge (écriture dramatique et mise en scène, 2ème et 3 ème années).
– Pourquoi tu fais du théâtre ? – Pour partager mon doute. Mon incertitude face au monde. (Jean-François Rochon) |
« LE THÉÂTRE EST UN ART DU TEMPS L’URGENCE EST UNE FORME DE RELATION AU TEMPS J’UTILISE L’URGENCE POUR PRODUIRE UN THÉÂTRE DE L’EXCÈS ET DE L’ÉXAGÉRATION JE NE SUBIS PAS L’URGENCE COMME UNE CRISE OU UN AVEUGLEMENT JE REVENDIQUE L’URGENCE COMME UNE EXPÉRIENCE SALVATRICE DU TEMPS » (Gwénaël Morin) |